La réflexion me semble un des éléments les plus constructeurs
d’un individu. Or, de nos jours, cette réflexion est progressivement
abandonnée aux profit d'activités plaisantes mais dangereuses à mes yeux…!
De nos jour, ne rien faire et réfléchir sont mis dans le même
sac. Réfléchir pour réfléchir (je songe à des questions existentielles, qui
forgent véritablement, selon moi, la pensée critique de l’individu) devient
« perdre son temps ».
Autrefois les moments où l’on pouvait se permettre de se
poser des questions sur l’origine du monde, de l’homme, le sens du beau,
l’existence hypothétique de réalités parallèles, etc… étaient fort rares pour
les gens de peu, qui passaient le plus clair de leur temps à travailler ou
dormir.
Ainsi, la réflexion,
laissée aux seuls riches, oisifs, permettaient à ces derniers de comprendre le
monde et la société et de mieux la contrôler. Les masses, illettrées, abruties
de travail et des prêches des gens d’église sont longtemps restées dans
l’obscurantisme que l'on connait, subissant
la tyrannie de l’aristocratie et de l’église.
Les lumières sont dus à des gens qui réfléchissaient, et, qui
étaient pour beaucoup de riches oisifs idéalistes, à qui les masses doivent
beaucoup dans leur émancipation. C’est bien par l’éducation des masses qu’a été
rendue possible la révolution française, consécutive aux lumières. C’est donc
la réflexion qui a permis le changement social.
Mais encore une fois, je trouve que de nos jours la réflexion
est délaissée. L’homme du peuple dispose des 35h00 par semaine, des congés
payés, et de tout le temps libre que cela laisse. On pourrait penser que, fort
de ce temps libre, la réflexion allait gagner du terrain et que cela conduirait
de facto à une amélioration sociale progressive…Si cela a effectivement été le
cas durant de nombreuses décennies, les quelques années qui précèdent ces mots
et probablement celles qui vont suivre, ne correspondent pas à ce modèle de
progrès…
D’une part, comme dit ci-dessus, la réflexion se retrouve
délaissée car apparentée à du temps perdu, il est vrai que dans le monde
consumériste dans lequel nous vivons, l’heure n’est pas à la réflexion mais à
l’acquisition. « Le temps, c’est de l’argent » résume bien cet état
des choses. Pourquoi perdre son temps à se poser des questions, qui, de toutes
façons, n’ont et n’auront peut-être aucune réponse ? Pourquoi perdre son
temps à s’interroger, à lire, à argumenter, sur des concepts qui ont déjà été
maintes fois observés, disséqués, critiqués, revus, corrigés et reformulés.
Pourquoi perdre son temps, son argent,
à faire quelque chose d’aussi improductif matériellement
que l’est la réflexion philosophique, ontologique, et métaphysique… ?
Observer les étoiles
pour comprendre l’Univers, d’accord, ça permettra éventuellement de trouver
d’autres planètes à exploiter, d’autres marchés à découvrir…! Analyser la
nature, d’accord, ça permet de découvrir un monde insoupçonné de produits, qui,
en se dérivant, inonderont ces mêmes marchés…! Etudier le fonctionnement de
l’économie et de la politique, d’accord, ça permet de contrôler, de prévoir, de
profiter, d’assujettir, de faire du fric… ! Mais apprendre à se connaitre,
faire fonctionner la machine cérébrale gratuitement, et, pire, sans autre but
que la compréhension pure et simple, désintéressée, sans forcément présence d’un
bénéfice au bout, sans autre but que l’entretient de l’esprit, le développement
de l’intellect et la préservation de la capacité de jugement. Tout cela est complètement
incompréhensible pour la société consumériste qui ne jure que par
l’acquisition, et la consommation.
Mais les valeurs morales véhiculées par la société
capitaliste ne sont pas les seuls motifs de la baisse de la durée consacrée à
la réflexion (pas directement du moins). En cause, les nombreux produits
ludiques qui fleurissent depuis quelques décennies. Je parle du walkman, puis
du mp3, puis de l’iPod, qui permettent, durant le temps que l’on pouvait
auparavant consacrer à la réflexion, de combler des minutes, voire des heures
qui nous paraissent ennuyantes au possible à écouter…ce qui empêche dans le
même temps de réfléchir...
La télévision,
l’ordinateur, les tablettes tactiles, sont autant de produits qui nous prennent
du temps. Lâchez l’objet en question et vous avez l’impression de perdre votre
temps, de rater votre vie. Cela est dû au sentiment de dépendance de ces objets
qui procurent des stimuli plaisants, distrayants, qui occupent…comparé à cela,
vous avez de longs moments de raisonnement, de cogitation, de méditation…qui
sont difficiles, laborieux, le cheminement de la pensée étant ardu, la
distraction est constamment dans les pieds du penseur, l’esprit, parfois, trop
abruti, se voit contraint de se faire répéter 20 fois la même phrase pour la
comprendre… Réfléchir demande donc du temps, de la patience et de la
détermination.
La facilité conduit évidemment, lors d’un voyage en train, à
mettre les écouteurs et à se laisser aller, plutôt que de regarder le paysage
en se demandant si ce n’est pas le paysage qui bouge et le train qui est
statique, si la vache que l’on voit brouter à une conscience, si je connais ce
qu’est la conscience, si cette conscience obéit à une morale, si mon
libre-arbitre n’est pas, par conséquent, influencé par cette morale, si cette
morale touche aussi mon inconscient, etc…
Je vois donc une similitude entre un passé où la réflexion débordé par le travail ne
parvenait pas au masse et un présent, voir un avenir, où la réflexion est dévalorisée, au profit de l’occupation
et ne parvient presque plus aux masses. Je ne prétends pas qu’il s’agisse d’un
complot organisé par les grandes firmes multinationales et les politiques,
pressés de dominer la planète, mais il est de plus en plus évident à mes yeux,
que la réflexion, après avoir été donnée au peuple, lui est présentée comme un
moindre intérêt, et que, le peuple se dirige vers la régression de cette
réflexion… !
Or, réfléchir sur les questions existentielles, ontologiques,
métaphysiques, et autres, me parait d’une importance capitale. C’est en
réfléchissant que l’on se rend compte de l’irrationalité de la religion, de la
puérilité de la xénophobie, et de tant
d’autre choses encore qui nous permettent de ne pas croire les obscurantistes,
les démagogues et les dictateurs, de se forger une opinion personnelle et non
issue de l’opinion d’un guide, d’un maitre, ou même d’un père, de trouver sa
place dans l’Univers, dans le cosmos, de trouver un équilibre avec la nature,
de se connaitre, de se trouver véritablement et de savoir ainsi, qui l’on est,
ce que l'on veut faire, ou devenir, et ce que l’on est prêt à faire pour y parvenir… !
Vous constatez la même chose que moi ? Non ?!! Bon…Ayez
au moins l’indulgence de méditer ce que j’ai écrit alors...!!!
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